Les tourbières sont un milieu naturel assez peu connu en France. Elles représentent environ 3% de la surface des terres dans le monde pour seulement 0,2% en France¹. Elles se forment par décomposition lente et incomplète de la matière organique des végétaux qui composent sa surface vivante, dans un système très humide voire semi-aquatique.

En France, la plupart des tourbières se rencontre en zone montagneuse mais elles occupent aussi de grandes zones humides dans le monde notamment dans les terres froides de l’Hémisphère Nord.

Ces tourbières ont un rôle primordial dans le cycle du carbone terrestre en stockant plus de 30% du carbone retenu dans les sols² et constituent ainsi un gigantesque puits de carbone.

Il est donc primordial de prévoir comment ces milieux vont évoluer dans les années qui viennent au regard des scénarios de dérèglement climatique établis par le GIEC. C’est tout l’objet de l’article publié dans la revue Nature Climate Change sous le titre Microbial photosynthesis mitigates carbon loss from northern peatlands under warming.

Les auteurs de cet article ont transplanté des morceaux de tourbe en provenance de divers tourbières de l’Hémisphère Nord pour étudier leur comportement dans des climats différents, en particulier en ce qui concerne l’activité microbienne.

Il en ressort qu’en cas de réchauffement il s’établit une compétition entre l’augmentation de la production de CO₂ due à la respiration des micro-organismes et son absorption par les micro-algues, principalement lors de la photosynthèse.

Au final l’absorption est plus importante et les tourbières à l’échelle mondiale pourraient ainsi compenser jusqu’à 14% des émissions futures de CO₂.

Plus d’informations sur l’article paru dans les actualités de l’Observatoire Midi-Pyrénées :

https://www.news.obs-mip.fr/le-potentiel-des-tourbieres-a-capturer-du-carbone-revu-a-la-hausse-avec-laugmentation-des-temperatures

Les tourbières, un milieu fragile

Les tourbières se forment par décomposition très lente des végétaux (principalement la sphaigne) en milieu très humide et souvent froid. Elles abritent une biodiversité spécifique fragile constituée d’espèces qui n’existent que dans cet habitat, notamment certains insectes, amphibiens, oiseaux et certaines espèces de végétaux comme la sphaigne ou la droséra (plante carnivore).

La sécheresse est leur premier ennemi et beaucoup de tourbières disparaissent à cause du drainage des sols, souvent pour construire des routes ou des habitations.

En France, c’est surtout le piétinement qui fragilise les tourbières, car en cas de passage important d’animaux, d’engins agricole ou de promeneurs, les plantes sont souvent abîmées, la répartition de l’eau modifiée et une partie de la tourbière va s’assécher et se détériorer.

L’étude et l’observation des tourbières sont donc très intéressantes mais il faut préserver ces milieux en évitant d’être nombreux à piétiner les plantes, et bien sûr il faut respecter les lieux en ne laissant aucun déchet (ni pelure de fruit, ni papier, ni liquide, …) qui, en plus d’être inesthétiques, perturbent la chimie des sols.

Publication

Microbial photosynthesis mitigates carbon loss from northern peatlands under warming, Samuel Hamard, Sophie Planchenault, Romain Walcker, Anna Sytiuk, Marie Le Geay, Martin Küttim, Ellen Dorrepaal, Mariusz Lamentowicz, Owen Petchey, Bjorn Robroek, Eeva-Stiina Tttila, Maialen Barret, Régis Céréghino, Frédéric Delarue, Jessica Ferriol, Tristan Lafont Rapnouil, Joséphine Leflaive, Gaël Le Roux, Vincent E.J. Jassey, Nature Climate Change, 20/03/2025. DOI: 10.1038/s41558-025-02271-8

1. https://www.mnhn.fr/fr/qu-est-ce-qu-une-tourbiere ↩︎
2. En complément des océans, les sols terrestres constituent un puits de carbone naturel. Il y est stocké sous des formes diverses (hydrocarbures, carbone fixé par les végétaux à chlorophylle, roches calcaires etc.). ↩︎